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Né le 27 janvier 1832 à Daresbury dans le Cheshire, Charles Dodgson est le fils du révérend père Charles Dodgson et de Frances Jane Lutwidge. Il est le premier des 11 enfants que la douce Frances porta.

Très jeune, Charles amuse déjà sa famille avec des tours de magie, des spectacles de marionnettes et ses poèmes qu’il écrit pour les journaux faits maison : Useful and instructive Poetry (Poésie utile et instructive). C’est un enfant joyeux et actif.

Le jeune Charles fait preuve d’une maturité précoce. Un beau jour il s’approche de son père un livre de logarithmes à la main. Il demande une simple explication. Son père lui répond qu’il est trop jeune mais l’enfant insiste : « S’il te plaît explique-moi ! ».

De 14 à 18 ans, il suit des cours à l’école de Rugby. Des années peu réjouissantes marquées par le décès de sa tendre maman. Carroll gardera toujours au cœur une nostalgie et une mélancolie pesantes.

En 1854, il sort diplômé du Collège de Christ Church à Oxford. Il y travaille aussitôt comme professeur de mathématiques.

Ses cours sont reconnus pour leur monotonie et leur manque d’intérêt. Carroll n’est pas un bon orateur en effet. « Encore une classe bruyante et pénible. Je suis loin d’avoir assimilé l’art de faire régner l’ordre » écrit-il dans son journal en 1856. Sa timidité et ses bredouillements lui jouent des mauvais tours.

Très vite, Dodgson ancre son travail dans la recherche et la publication d’ouvrages sur le vaste sujet des mathématiques et de la logique.

A 29 ans, il devient diacre de l’Eglise d’Angleterre mais ne sera jamais ordonné prêtre en raison de son balbutiement chronique qui ruine ses sermons.

Heureusement, l’auteur brille dans bien d’autres activités dont la photographie. Il aime avant tout photographier les enfants. Alice Liddell, l’une des trois filles du formidable Doyen de Christ Church Henry George Liddell, est l’un de ses modèles favoris. Elle deviendra l’héroïne des célèbres aventures au Pays des Merveilles. Alice n’est âgée que de 4 ans lorsque Carroll la rencontre pour la première fois. Il inscrit aussitôt dans son journal : « J’ai marqué ce jour d’une pierre blanche ».

Les enfants ont une place toute particulière dans la vie de Lewis Carroll. Il leur parle en toute liberté. Le naturel est la vérité même de leurs échanges. Nul besoin d’avoir honte de ses bégaiements. Les chers petits lui apportent amitié et affection en toute simplicité. Il avouera même que « les enfants représentent les ¾ de sa vie ».

Sa capacité à échanger avec des femmes de son âge n’est pas son fort. Sa sœur ne lui reconnaîtra qu’un amour : l’actrice Ellen Terry. Bien que malheureuse dans son couple, Ellen est déjà mariée. Carroll ne lui déclara jamais sa flamme, si tant est qu’elle ait réellement brûlée.

Assis sur un rocher au bord de la rivière Isis, qui traverse Oxford, Lewis Carroll a pour habitude de raconter des histoires à de jeunes spectateurs enthousiastes. C’est lors de ces rendez-vous qu’il couve inconsciemment l’histoire d’Alice.

Il semble évident que la fantaisie et l’humour de Lewis Carroll délectent bien plus le public que les cours ennuyeux du mathématicien Charles Dodgson.

Il serait trompeur, rappelle cependant Derek Hudson, de croire que les aventures d’Alice sont nées d’une inspiration géniale et soudaine.

Les dessins illustrant sa Poésie utile et instructive (Useful and Instructive Poetry) augurent déjà en 1845 le personnage d’Humpty Dumpty (traduit en « Gros coco » par Jacques Papy et en « Dodu-Mafflu » par Antonin Artaud), un œuf craquant de vérité.

Lewis Carroll n’a alors que 13 ans. Mais il anticipe déjà sur les thèmes du rêve et du « semi-éveil ». Ces illustrations révèlent que la satire et la fantaisie préoccupent très tôt l’auteur.

D’autres ingrédients du célèbre classique voient le jour au fil de ses poèmes. Le Lapin Blanc apparaît ainsi en 1854 au cœur de quelques vers.

Mais c’est lors d’une promenade en barque un bel après-midi d’été que cette période « d’incubation littéraire » fuse au grand jour. La jeune Alice Liddell, alors âgée de 10 ans, est enchantée des géniales aventures improvisées par son conteur. Elle insistera pour que le récit d’Alice au pays des merveilles soit rédigé.

Toutes les provisions poétiques réalisées au cours de sa vie surgissent et se transforment en littérature jeunesse perlée d’humour et d’absurde.

L’éclatante imagination de cette oeuvre émane d’un scientifique, d’un esprit analytique et scrupuleux. Alice fait d’ailleurs preuve de bon sens raisonné tout au long de ses aventures nourries par des rêves farfelus. N’est-elle pas le témoin vertueux de l’innocence au pays du non-sens?

Les amis de Carroll insisteront pour que cette histoire soit publiée. C’est ainsi qu’en 1965, l’histoire d’Alice est réécrite et augmentée. La première version publiée sera illustrée par John Tenniel sous le titre d’Alice au pays des merveilles.

Le livre sort à peine des rotatives que le succès est immédiat. La célébrité ne change pourtant en rien la vie de l’auteur. Son emploi du temps est minutieusement agencé. Ecriture, photographie, logique… les activités abondent. Son journal intime exige également beaucoup d’attention. Il conserve toutes ses correspondances. Plus de 100 000 seront découvertes à sa mort.

Centré sur lui-même mais généreux, Lewis Carroll est lesté d’une émotivité colossale et d’une franche immaturité. L’auteur n’a jamais quitté le stade de l’enfance. Cet aspect représente à la fois sa force et sa faiblesse. Il souffre d’une tension nerveuse qu’il tente de contrôler, ne pouvant éviter parfois des accès de colère irascible.

Derek Hudson note que l’on retrouve la dichotomie de son caractère dans les métamorphoses brutales d’Alice. Pour se libérer l’esprit, il invente des puzzles et des jeux de logique. Sa pensée est continuellement sollicitée.

Les dernières années de sa vie sont marquées par un surmenage réel, celui d’une vie rythmée par une rigoureuse discipline de travail. A la Noël 1897, alors qu’il s’épuise sur un ouvrage dédié à la logique symbolique, il attrape une terrible bronchite. Lewis Carroll meurt le 14 janvier 1898 auprès de ses sœurs à Guilford.

Pour Derek Hudson, Lewis Carroll «n’appartient ni aux intellectuels ni aux psychanalystes, il appartient aux enfants et à tous ceux qui aiment rire dans le monde entier ».

( Source : http://www.lapetitebibliothequeronde.com/Offre-culturelle/Artistes/Auteurs/Lewis-Carroll )

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